Après plusieurs mois de débat de plus en plus venimeux, le gouvernement de la province de Goa en Inde décide de ne rien décider et remet sa décision sur les subventions aux écoles en anglais à plus tard.
La loi de Goa stipule que seules les écoles qui donnent leur enseignement en Konkani, la langue officielle de l’État ont droit aux subventions du gouvernement. Cependant, depuis 1991 le gouvernement a exceptionnellement autorisé une centaine d’écoles de langue anglaise de communautés minoritaires — essentiellement des écoles catholiques — à recevoir les subventions.
Le gouvernement du BJP s’était engagé à régulariser la question de la langue d’enseignement durant la session d’hiver du mois de janvier. Coincé entre ceux qui demandent la fin des subventions aux écoles anglaises et un mouvement de parents qui exige le libre choix de la langue d’instruction, le comité chargé d’étudier la question plaide maintenant le manque de temps et d’information.
Au mois de juillet 2015, Savio Lopes, leader de FORCE, un regroupement de parents qui veulent protéger et étendre le droit de leurs enfants à une éducation en anglais subventionnée avait fait la grève de la fin pendant huit jours.
À Goa, le débat sur la langue d’éducation a rapidement dégénéré en lutte de classes et communautaire.
Au mois de décembre, le défendeur de l’enseignement en langue maternelle Uday Bhembre a attaqué la crédibilité de Savio Lopes en termes peu élégants parce qu’il est un marin :
« Savio est un nobody dans le monde intellectuel et littéraire. Il a été rappelé d’urgence de son bateau pour servir de porte-parole pour l’Église. »
Le commentaire a provoqué la colère des marins et de nombreux parents qui ont réclamé leur droit de prendre les décisions relative à l’éducation de leurs enfants, peu importe leur profession.
L’enseignement en anglais connait présentement un regain de popularité sans précédent à travers l’Inde. Le débat sur la langue d’enseignement à Goa a des échos dans les états de Karnakata et d’Odisha. Dans certains villages du Telangana, les écoles publiques ont fermé leurs portes, faute d’étudiants.
Pour plusieurs parents qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants dans les écoles privés, l’anglais est devenu le symbole de l’inégalité et l’accès à l’enseignement dans cette langue, une question de justice sociale.
Les parents qui n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école privée demandent de plus en plus souvent à leurs gouvernements l’enseignement en anglais au nom de l’égalité des chances. Certains parents accusent carrément les élites de vouloir empêcher les pauvres d’apprendre l’anglais pour protéger leurs privilèges.
La question de la langue d’enseignement divise le monde pédagogique, mais les grandes institutions comme l’UNESCO et la Banque mondiale favorisent, du moins officiellement, l’opinion voulant que l’enseignement dans la langue maternelle est préférable.